dimanche 21 mars 2010

La main dans la boîte : chapitre huit : Le psychologue

Le docteur Johann Strauss n'avait aucun lien de parenté avec les prestigieux compositeurs. Il venait du fin fond de l'Autriche. Il en avait seulement gardé un profond amour pour la bière, amour qu'il partageait avec son meilleur ami.
« Jo, j'ai besoin de tes lumières.
-Y a des bouteilles dans le frigo. »
Flack exposa son affaire et à la quatrième bière, Johann soupira.
« T'as raison, il faut chercher du côté de la famille. Couper la main de quelqu'un, d'un chirurgien qui plus est, c'est très passionnel comme intention.
-Les filles sont introuvables.
-T'es sûr que c'est les mains de Scarlett au moins ?
-L'ADN ne ment pas.
-Et elles ont acheté le cercueil ensemble.
-J'apprécie ton sens de la transition, mais oui, elles étaient toutes les trois.
-Tu me connais. C'est bizarre, qu'elles soient toutes les trois pour acheter le cercueil de leur oncle. C'est pas de la famille proche. On a pas besoin d'être trois pour ça.
-Elles avaient une relation plus proche avec leur oncle qu'avec leur père, c'est pas la première fois que ça arrive.
-Non, je ne pense pas. M'est avis qu'il s'agissait plutôt de leur père.
-Ha, en voilà une bonne raison de menacer quelqu'un. -Dis-moi, maintenant, qui vous a aidé dans cette affaire de Petite Souris ?
-C'était … Oh merde.
-Quoi ?
-C'était une femme qui se faisait appeler la maman du petit lapin blanc. » Il n'en fallut pas moins à Flack pour mettre une pression d'enfer sur tous les officiers qu'il put trouver. Il fallait à tout prix retrouver Alice. Priant toutes les puissances divines dont il connaissait le nom, l'inspecteur fouilla le long des routes, les gares et les hôpitaux, mais ce fut dans un asile qu'il la trouva. Elle ne parlait plus depuis un an. Selon son médecin, elle n'avait pas bien vécu la mort de son père. (Nouvelle que Flack accueillit avec un hochement de tête entendu.) Dans un état proche de la catatonie, elle ne se montrerait pas très réceptive. Johann entra donc en scène. Il commença par lui parler très doucement de lui, puis, il orienta vers ses souvenirs d'enfance.
« Racontez-moi ce dont vous vous souvenez.
-Scarlett marche dans la forêt. Il fait beau aujourd'hui.
-Quel jour sommes-nous ?
-Le 16 juin 1995. Diane est là aussi. Elles veulent me montrer quelque chose. Oh. On arrive près d'un étang. Il y a une barque et...
-Et ?
-Il y a une jeune fille, elle tremble et elle est ligotée dans le fond de la barque. Mais je la connais, elle s'appelle Claire. On monte dans le bateau. Pendant qu'on va vers le milieu de l'étang, les filles me disent qu'elles veulent la punir. C'est parce qu'elle est l'amoureuse de Tommy.
-Qui est Tommy ? » Alice gloussa avant de dire à voix basse.
« J'aimerais bien que ce soit mon amoureux, mais c'est à Claire qu'il fait des bisous. Je ne lui en veux pas, elle est très jolie.
-Qu'est-ce qui s'est passé sur l'étang ?
-Elles l'ont jeté à l'eau. Avec une pierre autour du cou. Oh, papa ne va pas être content.
-Pourquoi ne va-t-il pas être content ?
-Il va falloir qu'il le cache encore à tout le monde.
-Encore ?
-Les filles, elles aiment bien jouer avec les enfants dans les bois mais ils ne reviennent pas. Ils ne reviennent jamais. »

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