jeudi 25 mars 2010

La main dans la boîte : chapitre neuf : La suicidée

Après l'entrevue avec Alice, Flack et Johann ne purent s'empêcher d'avoir la même impression de dégoût et de malaise. Ils avaient le sentiment d'avoir ouvert une porte sur quelque chose de dégoûtant et de ne pas parvenir à la refermer. Alors qu'ils fumaient sur le parvis de l'hôpital, ils entendirent le bruit d'une fenêtre qui se brise. Un corps atterrit juste à leurs pieds. Alice venait de se jeter dans le vide. Tandis que les badauds s'excitaient dehors, Flack procédait aux interrogatoires de rigueur et ce coup-ci, il eut de la chance.
« Alice était la seule à être revenue ici.
-Pardon ?
-Un an après la fin de l'affaire de la petite souris, leur oncle, monsieur Laurens, les a fait interner. Selon lui, elles avaient de graves problèmes.
-Quels problèmes ?
-Elles présentaient de sérieuses tendances à la psychopathie. Il voulait les enfermer dans un endroit où elles n'auraient pu causer de tort à personne. J'ai essayé de les soigner mais les deux aînées ne répondaient pas au traitement. Elles étaient déjà perdues. Nous n'avons pu les garder avec nous que jusqu'à leur majorité. J'ai longtemps prié pour qu'elles reviennent d'elles-mêmes. -Et seule Alice est revenue.
-Oui.
-Auriez-vous une idée de l'endroit où elles pourraient aller, pour se cacher ou pour séquestrer quelqu'un ?
-Elles avaient une cabane dans les bois.
-Oh non, je vois où c'est.
-Vous disiez que vous aviez trouvé les mains de Scarlett ?
-Ouais.
-C'est une punition. Diane et Scarlett avaient une sorte de pacte.
-Seulement Diane et Scarlett ?
-Oui. Ces filles, elles étaient de véritables prédatrices. Elles sentaient bien qu'Alice était née avec quelque chose qu'elles n'avaient pas. Quelque chose de mauvais pour elles.
-Une conscience ?
-Tout à fait.
-Donc elle ne savait pas pour le pacte.
-Non, je suppose qu'elle a dû se douter de quelque chose ce fameux 16 juin, mais elle n'a rien dit. Le pacte était censé protéger les deux autres des atteintes du monde extérieur. C'était le ciment qui maintenait leur monde en entier. Elles ne devaient pas parler de leur secret à qui que ce soit. Elles n'avaient pas le droit non plus d'aller dans la cabane seule ou avec un étranger. C'était un code en quelque sorte.
-Oui, et quelqu'un a brisé ce code.
-Si j'en crois ce que vous dites, c'est Scarlett qui l'a enfreint.
-Hum.
-Faudrait que vous la retrouviez, avant de recevoir sa tête par la poste.
-Je sais merci. » Flack sortit prendre l'air. Toutes ces odeurs de médicaments le rendaient tout chose et il détestait se sentir tout chose.

dimanche 21 mars 2010

La main dans la boîte : chapitre huit : Le psychologue

Le docteur Johann Strauss n'avait aucun lien de parenté avec les prestigieux compositeurs. Il venait du fin fond de l'Autriche. Il en avait seulement gardé un profond amour pour la bière, amour qu'il partageait avec son meilleur ami.
« Jo, j'ai besoin de tes lumières.
-Y a des bouteilles dans le frigo. »
Flack exposa son affaire et à la quatrième bière, Johann soupira.
« T'as raison, il faut chercher du côté de la famille. Couper la main de quelqu'un, d'un chirurgien qui plus est, c'est très passionnel comme intention.
-Les filles sont introuvables.
-T'es sûr que c'est les mains de Scarlett au moins ?
-L'ADN ne ment pas.
-Et elles ont acheté le cercueil ensemble.
-J'apprécie ton sens de la transition, mais oui, elles étaient toutes les trois.
-Tu me connais. C'est bizarre, qu'elles soient toutes les trois pour acheter le cercueil de leur oncle. C'est pas de la famille proche. On a pas besoin d'être trois pour ça.
-Elles avaient une relation plus proche avec leur oncle qu'avec leur père, c'est pas la première fois que ça arrive.
-Non, je ne pense pas. M'est avis qu'il s'agissait plutôt de leur père.
-Ha, en voilà une bonne raison de menacer quelqu'un. -Dis-moi, maintenant, qui vous a aidé dans cette affaire de Petite Souris ?
-C'était … Oh merde.
-Quoi ?
-C'était une femme qui se faisait appeler la maman du petit lapin blanc. » Il n'en fallut pas moins à Flack pour mettre une pression d'enfer sur tous les officiers qu'il put trouver. Il fallait à tout prix retrouver Alice. Priant toutes les puissances divines dont il connaissait le nom, l'inspecteur fouilla le long des routes, les gares et les hôpitaux, mais ce fut dans un asile qu'il la trouva. Elle ne parlait plus depuis un an. Selon son médecin, elle n'avait pas bien vécu la mort de son père. (Nouvelle que Flack accueillit avec un hochement de tête entendu.) Dans un état proche de la catatonie, elle ne se montrerait pas très réceptive. Johann entra donc en scène. Il commença par lui parler très doucement de lui, puis, il orienta vers ses souvenirs d'enfance.
« Racontez-moi ce dont vous vous souvenez.
-Scarlett marche dans la forêt. Il fait beau aujourd'hui.
-Quel jour sommes-nous ?
-Le 16 juin 1995. Diane est là aussi. Elles veulent me montrer quelque chose. Oh. On arrive près d'un étang. Il y a une barque et...
-Et ?
-Il y a une jeune fille, elle tremble et elle est ligotée dans le fond de la barque. Mais je la connais, elle s'appelle Claire. On monte dans le bateau. Pendant qu'on va vers le milieu de l'étang, les filles me disent qu'elles veulent la punir. C'est parce qu'elle est l'amoureuse de Tommy.
-Qui est Tommy ? » Alice gloussa avant de dire à voix basse.
« J'aimerais bien que ce soit mon amoureux, mais c'est à Claire qu'il fait des bisous. Je ne lui en veux pas, elle est très jolie.
-Qu'est-ce qui s'est passé sur l'étang ?
-Elles l'ont jeté à l'eau. Avec une pierre autour du cou. Oh, papa ne va pas être content.
-Pourquoi ne va-t-il pas être content ?
-Il va falloir qu'il le cache encore à tout le monde.
-Encore ?
-Les filles, elles aiment bien jouer avec les enfants dans les bois mais ils ne reviennent pas. Ils ne reviennent jamais. »

samedi 6 mars 2010

Je tenais à vous prévenir, ô vous mes chers lecteurs (au nombre de 3, si j'ai bien compté), de mon futur silence d'environ trois mois. En effet, je suis actuellement en stage, comme certains le savent et je n'ai pas d'accès internet là où je vis. Non pas que Luçon soit un équivalent de la Terre Adélie vénérée par ma chère moman mais je n'ai pas les moyens de me faire ouvrir une ligne rien que pour un trimestre, je n'ose pas utiliser les postes du boulot et les seuls horaires d'ouverture du cybercentre (non pas la fabrique de terminator, monsieur Toulouse) sont pendant que je travaille (ben voyons...).
Je vais donc essayer de programmer des posts réguliers pour que personne ne croie mon pauvre blog mourru, tout en poursuivant de mon côté l'écriture de mes différents projets. En ce moment, Leviathan (Histoire du monde revue et corrigée par mes soins et la guerre Livie - Cléopâtre), et peut être une suite des aventures de l'inspecteur Flack.
Voilà.
Je retourne à mes panneaux de signalétique.

(P.S. A Luçon, se tient la semaine du livre jeunesse, allez-y, il y aura des auteurs et illustrateurs en dédicace et plein plein plein de tables avec des romans, albums et autres mangas, croyez-moi, elles sont aussi sexy que mr Bale en costume Armani.)

mercredi 3 mars 2010

La main dans la boîte : chapitre sept : le journaliste

Éric Dubois faisait partie de ces journalistes qui rêvaient de grands prix, d'affaires criminelles non résolues et de regards admiratifs, féminins de préférence. Malheureusement pour lui, il n'avait jamais réussi à percer en dehors de la ville. Il guettait la bonne affaire comme un chat, une souris grasse. Flack détestait ce genre de gars. Il allait donc s'en payer une bonne tranche. « Dubois, c'est pas bien ce que tu as fait.
-Je n'ai rien fait, protesta le journaliste
-Faux, mon petit doigt m'a dit que tu avais le journal intime de mademoiselle Burgess .
-Euh, je l'ai acheté.
-Si t'arrêtais de mentir pour commencer. Ça éviterait bien des soucis. Tu l'as volé, pourquoi ?
-L'affaire Peter B., je vais être celui qui va révéler son nom au reste du monde !
-Arrête de rêver. Tout le monde se moque de son nom, les gens veulent oublier. Qu'est-ce qu'il t'arrivera quand les parents t'accuseront d'avoir utilisé leur tragédie pour t'élever dans la société ? Tu vas te griller si tu continues. »
Dubois baissa les yeux. Ces derniers temps, il avait commencé à se faire à l'idée qu'il ne serait qu'un petit journaliste de seconde zone. Puis, il avait vu le journal et l'espoir était revenu.
« Te biles pas, lâcha Flack, je te réserve l'exclu de l'affaire de la main. » L'étincelle revint dans le regard du journaliste. Il ouvrit le tiroir de son bureau et tendit le journal à l'inspecteur. « Il y a quelque chose de bizarre dans cette histoire. La moitié de ce qu'elle raconte est inventé ou complètement faux. Je vais chercher de son côté et je vous tiens au courant. » L'officier feuilleta les pages du journal. La jeune fille avait une jolie écriture. Mais Flack n'y prêtait pas attention. « Les sœurs ont du recevoir une lettre de menace, quelqu'un connaissait leur secret et a voulu se venger.
-Mais alors pourquoi le croque-mort et le discours de l'amitié ?
-Pour nous égarer... Il voulait que l'on parte vers la piste du croque-mort . Mais ce n'était pas suffisamment crédible. Il n'est pas expérimenté.
-Un parent endeuillé qui aurait découvert la vérité ?
-Non, ne fais pas la même erreur que Dubois. Non, plus on avance plus je me dis que c'est lié à quelque chose de plus intime, de plus personnel. Bon sang, on patauge. » Dans ce cas, Flack savait ce qu'il avait à voir ou plutôt qui.