jeudi 11 novembre 2010

Le problème des continuations, Perceval, Blake et Mortimer

C'est pas simple de reprendre l'histoire d'un maître du genre. On peut aussi bien la sublimer que se planter gravement et subir les foudres des fans. C'est un exercice qui ne pardonne pas. Ici, je vais parler du dessin animé tiré de la bande dessinée, que dis-je, du grand classique que l'on doit lire si on veut prétendre connaître un peu la BD, Blake et Mortimer. Pour expliquer le phénomène de la continuation ratée, je vais utiliser Perceval ou le roman du Graal de Chrétien de Troyes, comme point de comparaison. Le point commun de ces deux titres est le fait qu'ils ont été repris par des gens qui n'avaient pas compris certains points caractéristiques de l'univers de chacun des auteurs.
Tout d'abord, le dessin animé. Dans une série de 26 épisodes, elle reprend la majorité des titres de B&M, publiés du vivant de leur auteur original (Le Secret de l'espadon, le Mystère de la grande pyramide...). En général, l'histoire est plutôt fidèle, bien que largement sabrée (Le Secret de l'espadon réduit à 26 minutes... On ne voit pas l'empereur). Des personnages sont modifiés, certes mais on admet les changements. A noter aussi, nos deux héros font preuve d'un humour souvent absent des albums, voir en particulier Blake qui joue de la vanne aussi bien qu'il perce à jour les complots du vil Olrik. Notre colonel préféré manque un peu de la classe et de l'arrogance qui le rend si élégant, mais il joue son rôle avec dignité (si on peut admettre l'idée). Bref.
La série a également quelques épisodes "inédits" qui emportent B&M dans de nouvelles intrigues. Et c'est là que se pose le problème. Ils partent à la recherche de la pierre philosophale, d'une bande d'extraterrestres qui veulent asservir l'humanité et autres mondes parallèles. Bien que mon épisode préféré soit celui de la pierre philosophale, je ne peux adhérer.
Dans les albums et les épisodes inspirés par ces derniers, il y a toujours un fond scientifique qui rend l'intrigue plausible : S.O.S Météores et la machine à dérégler le climat, l'espadon ou encore les fouilles pour trouver le trésor de Akhenaton. Les intrigues ne font pas appel au fantastique, au surnaturel, sans l'expliquer plus loin comme le fruit d'une science avancée. La marque jaune doit ses capacités extraordinaires à la stimulation de zones du cerveau à l'aide d'une onde spécifique (ici, onde méga) par exemple.
Tout comme dans Perceval où les continuateurs ont utilisé le surnaturel pour poursuivre les intrigues sans comprendre que Chrétien avait refusé cette option. Il ne fait pas appel à l'inexplicable gratuitement. Son texte est une vaste allégorie qui perd tout son sens quand on arrive aux passages qu'il n'a pas écrit.
De la même manière, B&M qui sauvent un monde parallèle contrôlé par les druides, ou qui affrontent une race d'extraterrestres, c'est un peu déplacé, ça n'a pas de sens. Ils ne sont pas à leur place. Je n'ai rien contre les druides et les mondes parallèles, mais bon sang, ne jouez pas avec les héros d'un autre sans respecter son univers et sa manière de raconter des histoires.

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