mercredi 21 juillet 2010

Pretty Little Liars ou comment employer des scénaristes complètement schizos

Aujourd'hui, on ne compte plus le nombre de séries où les scénaristes, à bout d'inspiration, craquent leur slip sévère. Je ne vais même pas mettre d'exemple pour prouver mes dires, je me contenterai de dire que la plus célèbre d'entre elle dure depuis 4 saisons et n'en a eu qu'une (voire deux ) de bonne. Bon, on peut comprendre qu'au bout d'un moment, ils en ont marre de leurs personnages, de leur univers et qu'ils tournent en rond parce qu'ils n'arrivent pas à trouver une fin. Je vais parler ici d'une nouveauté de cette année chez ABC Family, une série de l'été qui montre des signes évidents de foutage de gueule scénaristique. J'ai nommé Pretty Little Liars.

C'est typiquement le cas du gars avec une bonne idée : tiens et si on imaginait qu'une bande de quatre copines recoivent des messages inquiétant d'une autre qui connait leurs secrets ? Mais qui n'arrive pas à en faire un fil rouge plausible. On passera aussi sur le fait plus qu'évident que le scénariste en question regarde un peu trop la télé et ne se rend pas compte qu'il ne fait que régurgiter des éléments déjà vus dans d'autres séries. En soit, l'idée des messages flippants est pas trop mauvaise, bien que très Gossip Girl. Dans une petite ville, ça peut être drôle de voir tomber le vernis des bonnes conventions. Si on y ajoute le fait que la personne qui est censée envoyer les messages est découverte morte à la fin du pilote, ça sent bon, je l'avoue. Mais hélas, mille fois hélas, vous êtes sur ABC Family qui a commis entre autre "7 à la maison". Donc ce projet sent le pétard mouillé à plein nez. Pas de scènes choquantes, pas de piquant, pas de borderline, rien que du bien conventionnel. Voyez plutôt : l'une des filles est supposée lesbienne, mais vite vite, on lui trouve un petit copain, celle qui se tape son prof va finir par rompre avec lui parce que c'est pas bien, celle qui pique des lunettes de soleil ne le fait qu'une seule fois et la petite bourgeoise n'embrasse qu'une fois le copain de sa soeur qui disparaît bien vite après. Non pas que je veuille que toutes les séries pour ados finissent en orgie, mais pitié, s'il vous plaît, ayez un peu de consistance ! Quand vous présentez des ados à problèmes, tenez-vous y. Une clepto ne va pas s'arrêter au bout d'une seule fois, une liaison prof-élève est tellement cousue de fil blanc qu'elle devrait être classifiée "cliché" par les autorités des scénarios, l'idée de l'homosexualité mériterait un traitement plus fin et la bourgeoise est un personnage tellement éculé, elle aurait dû garder le petit ami de sa soeur, ça aurait donné de jolies scènes de famille.

En regardant "Pretty Little Liars", j'ai l'impression que le scénariste ne sait pas trop ce qu'il veut faire de son script. Est-ce un show familial (on regarde les familles qui se font et se défont), une série pour ados niaiseuse (les histoires d'amour des jeunes filles ) ou un show policier qui ne se l'avoue pas (qui est morte ? qui envoie les messages?) ? Il me semble qu'il cherche à explorer un peu toutes ces pistes sans en choisir une, ce qui est prodigieusement chiant pour celui qui regarde.

Puis, venons-en aux relations entre les personnages qui sont quand même un point important de la série. Donc au départ, nous avons une bande de cinq copines un peu crâneuses, un peu bécheuses, franchement insupportables. Elles se réunissent régulièrement à l'insu ou pas de leurs parents, dans une grange pour boire du canada dry et se raconter leurs secrets les plus intimes. Comme de bien entendu, l'une de ces soirées se termine mystérieusement avec l'une d'entre elle qui disparaît dans la nature. Evidemment, il s'agit de la pire d'entre elle, celle qui était la plus à même de leur faire des coups de pute en douce. Alors là, première question : pourquoi sont-elles amies avec quelqu'un d'aussi menaçant ? Surtout qu'elles sont au courant de sa mauvaise nature. Elles sont les témoins de l'un de ces coups de pute qui tourne mal (pour ceux qui regarderont : "the genna thing"). Peut être est-ce la petite fille parano et maltraitée par ses années de collèges qui s'indigne mais quand même. C'est pas logique. C'est là que je me dis que le scénariste n'a pas su amener la chose en douceur :
"Bon, ben, comme celle qui envoie les textos est méchante, on va la faire méchante depuis le début.
-Ben oui, mais pourquoi sont-elles amies ?
-On n'a pas besoin de l'expliquer voyons, les spectateurs vont l'avaler tout rond si on leur présente la chose comme ça. Et pi on fait un show sur l'amitié."
Emmmm, oui bien sûr. Autre point : la morte passe son temps à dire qu'elle en veut aux filles. Oui, sauf que nos quatre héroïnes sont de petites oies blanches (si, si, c'est pas avec leurs petites infractions qu'elles se salissent le plumage). Depuis le départ, elles n'ont pas de gros secret à cacher. Rien. Même quand Genna explique que la morte avait peur de ses quatre copines, on ne la croit pas. Bonjour les incohérences. Bonjour la connerie. Il veut qu'on puisse s'identifier à elles, donc elles ne sont pas trop coupables.
Ce qui est dommage c'est qu'on sent que l'idée de base est pas trop mal, elle pourrait être fun mais le scénariste me donne l'impression d'avoir tenu compte uniquement de son public, de l'audience qu'il voulait faire plutôt que de l'intrigue et de ses personnages. Et c'est la meilleure façon de faire une série de merde avec une bonne idée de base.

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